Alors qu’en 2010, 35% des femmes âgées de 18 à 29 ans se positionnaient à gauche du centre, elles sont aujourd’hui 52% – soit une jeune femme sur deux. Chez les jeunes hommes, la tendance est inverse: aujourd’hui 43% d’entre eux se positionnent à droite du centre, quand ils n’étaient que 29% à le faire en 2010. Une évolution qui se retrouve aussi, de manière moins marquée, chez les personnes plus âgées.
Un fossé qui se retrouve lors des votations
Comme le souligne la NZZ, d’autres études avaient déjà montré que les femmes votent davantage à gauche que les hommes en Suisse. Cependant, d’après l’analyse de Sotomo, le fossé entre les sexes est de plus en plus marqué, et cela est clairement visible dans les votations, en particulier depuis 2015. Il y a ainsi eu une augmentation du nombre de cas où la majorité des femmes voulaient quelque chose de différent par rapport aux hommes.
L’exemple récent le plus marquant est celui de la réforme de l’AVS. L’année dernière, 64% des hommes ont voté pour relever l’âge de la retraite des femmes à 65 ans, contre seulement 38% des femmes. Lors des derniers référendums, les hommes se sont globalement dits plus favorables à l’armée et à la police, à une politique plus restrictive vis-à-vis des étrangers et à la libéralisation économique, quand les femmes se sont davantage déclarées en faveur de la protection de l’environnement et d’un Etat-providence fort, d’après Sotomo.
Pourquoi le fossé politique entre hommes et femmes est-il de plus en plus béant? Pour la NZZ, l’explication serait à chercher dans le renouveau du féminisme, dans le sillage du mouvement #MeToo – qui a émergé sur internet en 2017 – et de la grève des femmes, qui a mobilisé plusieurs centaines de milliers de personnes en Suisse en 2019. De nombreuses jeunes femmes associent le combat féministe à des valeurs politiques de gauche. Une partie des jeunes hommes se tourneraient, en réaction, vers les partis de droite.
«Le thème est très émotionnel. Et le débat s’envenime de plus en plus», déplore Michael Hermann, de l’institut Sotomo, cité par la NZZ. Qui souligne cependant que, contrairement au clivage entre villes et campagnes, celui entre hommes et femmes paraît plus facile à dépasser, puisque ces deux groupes se côtoient dans tous les aspects de la vie, et ont ainsi de multiples possibilités d’échanger sur les thèmes qui les opposent.